Ondine Hingant tient la Chronique de la mer depuis quelques mois sur une radio locale à Saint-Malo!
Chronique de la Mer #3 : Les petits gestes pour ne pas polluer en bateau
"Bonjour à tous, je suis Ondine Hingant, Biologiste marin et créatrice de la marque de cosmétiques naturels O'dicy, et je vous retrouve aujourd'hui pour notre chronique de la mer!
Aujourd'hui nous allons parler de nautisme.
Avec le mois de mai, c'est la saison du nautisme qui redémarre en même temps sur nos côtes!
La joie de profiter d'une sortie en mer ne doit pas nous faire oublier les bonnes pratiques qu'il est important d'avoir pour respecter au mieux cet écosystème, dont on profite, et qui est fragile même si on peut l'oublier parfois quand tout semble parfait autour de nous.
Oui l'environnement marin est fragile, a été trop longtemps malmené par des mauvaises pratiques. Faute de prise de conscience, faute de sensibilisation, notre environnement marin s'est peu à peu dégradé.
Heureusement depuis plusieurs décennies les pratiques évoluent vers du mieux.
Cependant il reste encore des gestes dont nous n'avons pas conscience des conséquences, parce que ce n'est pas forcément visible au premier abord, c'est un peu trop contraignant, ou que cela necessite de modifier un peu nos équipements.
Mais à vrai dire, aujourd'hui nous n'avons plus vraiment d'alternatives. Agir n'est plus un choix militantiste, mais est devenu un devoir citoyen.
Loin de moi ici l'idée de vous faire une leçon de morale, mais plutot de vous éclairer sur les impacts que nous pouvons avoir sans s'en rendre compte parfois, et vous donner quelques alternatives simples à mettre en place!
L'idée n'est pas de tout appliquer mais d'essayer de mettre en place des solutions petit à petit pour diminuer notre impact.
Alors oui nous pouvons encore profiter d'une sortie en bateau, et c'est encore mieux en respectant quelques gestes de base!
- Tout d'abord, parlons des détergents.
A bord d'un voilier, quand on part pour le week-end ou un peu plus, on a accès à de l'eau douce qui nous permet de se laver ou de faire la vaisselle. Quel luxe!
Mais attention aux produits que vous allez utiliser.
Les détergeant classiques, gel douches, shampoing, liquide vaisselle, et autres, contiennent des phosphates, des ions chlorés, des tensioactifs non biodégradables, des parfums synthétiques, autant de molécules toxiques pour la vie marine, qui se retrouvent sans filtre directement dans l'eau de mer si vous les utilisez à bord. Ces molécules dégradent la qualité de l'eau, peuvent s'accumuler dans les sols et impacter globalement l'écosystème à long terme. Ils peuvent causer des dégâts sur le court ou le moyen terme, en s'accumulant dans la chaine alimentaire.
Bref, on essaye de les éviter au maximum, en les remplaçant simplement par des produits naturels, bio dégradables et qui n'impactent pas l'environnement marin!
Un savon naturel pour la douche, un Savon de Marseille pour faire la vaisselle, ultra efficace, du vinaigre blanc en spray pour nettoyer! C'est bien suffisant croyez-moi!
- Autre produit que l'on peut utiliser à bord, et en bord de mer, c'est la crème solaire.
On sait maintenant que les crèmes solaires à filtre chimique sont de forts polluants pour le milieu marin, en plus de ne pas etre très bon pour notre santé car ils sont absorbés par notre organisme et se retrouvent dans le sang. Effectivement, ces crèmes classiques contiennent des molécules chimiques aux noms barbares, qui se dispersent dans l'eau lorsque vous vous baignez, même avec les crèmes résistantes à l'eau, oui oui. Ce n'est pas pour rien que l'état de Hawai a proscrit les produits contenants de l'OXYBENZONE ou de l'OCTINOXATE depuis 2021!
Ce sont des perturbayeurs endocriniens et de forts allergisants.
Et leurs effets négatifs sont grands, même si les quantités rejetées sont petites! Les molécules de la crème se retrouvent dans l'eau, se déposent sur les organismes, les algues et les plantes marines, les coraux, inhibant leurs croissances, entrant dans la chaine alimentaire encore une fois, en s'y accumulant.
Alors on leur préfere des crèmes solaires aux filtres minéraux, en évitant cependant ceux avec des nanoparticules qui peuvent traverser la barrière cutanée des organismes vivants.
- Ensuite passons à l'avitaillement.
L'eau douce en bateau est indispensable. on emmène souvent des packs d'eau pour cuisiner et boire à bord.
Mais bon, ce n'est pas un scoop, tout cela n'est pas tres écologique... Le meilleur déchet reste celui qu'on ne produit pas.
Alors pourquoi ne pas garder les bouteilles achetées pour les re remplir avec l'eau du robinet? On peut aussi acheter des bonbonnes de 5 ou 10 litres, qui permettent de stocker l'eau et qui peuvent etre ré-utiliser. D'autres solutions plus innovantes existent, comme installer un filtre et une lampe à UV à Led, qui va rendre l'eau de vos tanks potable, ou même utiliser des filtres à eau développés pour le trekking, qui filtre mécaniquement l'eau, et sans besoin d'énergie, grace à des mailles extrêmement fines.
- Coté énergie d'ailleurs, parlons en.
On en a besoin à bord, pour faire marcher les instruments, recharger son téléphone, etc.
Pourquoi ne pas installer une hydrogénérateur, plus efficace que l'éolienne à bord, avec un très bon rendement, et qui permet d'être autonome en énergie!
- L'antifouling aussi est important.
Il existe aujourd'hui tout un tas d'initiatives pour remplacer nos antifouling traditionnels, qui sont eux encore une fois très polluants pour l'environnement. Renseignez-vous différentes solutions existent!
- Au mouillage aussi nous pouvons agir.
Lorsque nous jetons l'ancre dans une fond sableux, recouvert d'herbier sous-marin, c'est inévitable nous ferons des dégats. Herbiers de Zoostères en Bretagne, Posidonies en Méditerranée, l'ancre elle même va arracher l'herbier, mais la chaine aussi va venir racler le fond, sur tout un diamètre autour de l'ancre.
Et pourtant les herbiers sont précieux pour la biodiversité! Ces plantes marines abritent un nombre important d'espèces, que ce soit des poissons, des crustacés, c'est tout un écosystème qui vit là. Ce sont aussi des zones de nurserie ou les jeunes grandissent avant d'aller coloniser d'autres milieux.
Aujourd'hui de plus en plus de bouées de mouillages écologiques sont mises en place pour éviter aux plaisanciers de mettre l'ancre et d'abimer les fonds. Ces mouillages remplacent les traditionnelles bouées, en y ajoutant une bouée intermédiaire, immergée, qui permet de maintenir la chaine en hauteur, même à marée basse.
Enfin, des zones de protection existent sur nos côtes. Elles sont très importantes pour maintenir les écosystèmes, la biodiversité, et nous permettent de respecter au mieux cet environnement marin que nous aimons tant, dont nous profitons, mais qui reste fragile.
Ceci fera l'objet d'une prochaine chronique, comprendre pourquoi ces Aires Marines protégées existent et quels sont leurs veritables effets!
Dans tous les cas, on se renseigne sur ces zones, les interdictions ou limitations qu'elles imposent, les bonnes pratiquent qu'elles demandent et on profite de ces coins de paradis que nous avons à portée de main.
Pour parfaire nos escapades en mer, je vous conseillerai une lecture facile à emmener avec soi.
Petite philosophie de la mer, de la philosophe Laurence Devillairs, Editions La Martinière.
A bientôt!
La Chronique de la Mer d'Ondine: Retrouvez ici les différents épisodes !
Chronique de la Mer #1: Les Grandes Marées - Podcast audio
Chronique de la Mer #2 : Les bienfaits de l'eau de mer - Podcast audio
Chronique de la Mer #3: Les petits gestes pour ne pas polluer en bateau - Podcast en vidéo
Chronique de la Mer #4: L'apnée - Podcast en Vidéo