Chronique de la Mer d'Ondine #6 - Ceux qui réutilisent la mer

Chronique de la Mer d'Ondine #6 - Ceux qui réutilisent la mer

Chronique de la Mer - Podcast en vidéo

"Bonjour à tous,

Je suis Ondine Hingant, créatrice de la marque de cosmétique O'dicy, et je vous retrouve aujourd'hui pour ma chronique de la mer !

Aujourd'hui je vais vous parler de ceux qui réutilisent les déchets venant de la mer, autrement dit ceux qui font de l'upcycling avec les ressources marines.

Vous connaissez surement l'adage, "Le meilleur déchet est celui que l'on de produit pas". C'est une citation très vrai, quand on connait la difficulté à recycler véritablement nos déchets, l'énergie que cela consomme, et finalement le pourcentage très faible des matières vraiment recyclées.

Mais si finalement nous allions plus loin.

Si nous disions que les déchets d'aujourd'hui sont nos ressources de demain?

Ou même mieux, que nos déchets d'aujourd'hui deviennent nos ressources actuelles?

Parce que c'est ça la boucle vertueuse: faire de nos déchets industriels nos solutions, nos matériaux, nos inspirations, nos meubles, nos équipements de sports, notre décoration et même nos cosmétiques?

Sommes-nous fou et utopiques, ou plutôt visionnaires?

Evidement, parler de valoriser nos déchets se conjuge au présent, et fort heureusement.

On peut parler de recyclage mais aussi de surcyclage, upcycling en anglais, ou encore même de réemploi.

Connaissez-vous la différence entre Upcycling et Recycling?

Avec l'Upcycling, nous sommes vraiment dans le concept de valeur ajouté au nouveau produit vis à vis de l'ancien, et sans transformation chimique du déchet.

Dans l'Upcycling ce qui est interessant c'est que l'on va upgrader le déchet pour le valoriser, on va faire du neuf avec du vieux, mais en mieux. Les produits inutilisés, les co-produits de l'industrie, les chutes dans les productions, gagnent de la valeur au lieu d'en perdre. C'est un terme qui est apparu dans les années 90.

L'upcycling touche un large éventail de secteurs depuis ses débuts comme l'habillement, la mode ou encore la décoration.

Aujourd'hui je vais m'attacher à vous parler d'initiatives qui "upcyclent" les déchets de la mer. Mais je n'aime pas trop le mot déchet, trop négatif. J'ai donc décidé aujourd'hui de vous parler de ceux qui ré-utilisent ce qui vient de la mer.

Des initiatives en France il y a de belles, de très belles même!

Nous, bretons, nous connaissons bien les déchets coquillers.

Sur les plages ou chez les producteurs, on peut trouver toutes sortes de coquilles de mollusques ou de bivalves, des déchets générés en grande quantité par leur production puis par notre consommation.

250.000 tonnes sont rejetées chaque année en France. C'est énorme!

C'est ici que de jeunes entreprises, tenus par de jeunes et moins jeunes entrepreneurs, sur-motivés et visionnaires, prennent tout leur sens.

Lunettes en coquillages

Lunettes en coquillages de Friendly Frenchy (crédit photo @ Friendly Frenchy)

 

Malakio par exemple, est une jeune entreprise installée maintenant à Nantes, créée par 2 jeunes bretons designers, qui développent du mobilier de cuisine et de décoration à partir de coquillages et de minéraux. Ils jouent sur les textures et les graphismes en travaillant différents coquillages, sur la finesse du broyage, sur l'ajout ou pas de pigments végétaux. Ils créent aussi bien des plans de travail pour des grands chefs cuisiniers, que des dessous de verre ou des portes manteaux, pour tout un chacun. Coquilles d'huitres, Coquilles Saint-Jacques, coquilles de moules ou encore d'ormeaux, Morgan, Hugo et leur équipe s'adonnent à donner une seconde vie à tous ces débris coquilliers, en créant des éléments de déco hauts de gamme et très esthétiques.

D'autres entrepreneurs de Vannes cette fois-ci se sont aussi épris du rendu des coquilles, mais dans les montures de lunettes cette fois-ci! Je porte d'ailleurs depuis plus de 3 ans une de leur création avec des coquilles d'huitres de Cancale. Ici la traçabilité de la provenance de ces déchets amène encore plus de valeurs aux produits finis, en plus du rendu esthétique incontestable.

Lucille Viaud elle est géoverreierre. Elle créé du verre a partir de différents matériaux, dont ces poudres de coquillages, qu'elle met en fusion avec d'autres déchets industriel, du BTP par exemple. Sous sa main, naissent des pièces uniques, aux couleurs verdoyantes, déterminées par le mélange réalisé. Elle explore la geoverrerie comme personne, allant jusqu'a tisser le verre pour créer une toile de verre assez extraordinaire.

Chez O'dicy aussi nous upcyclons des trésors de la mer. De la poudre de coquilles d'huitres par exemple est utilisée dans notre masque gommage en poudre. Il permet d'exfolier la peau, tout en apportant son lot de minéraux essentiels à sa bonne santé!

Poudre de Coquilles d'Huitres

Poudre de coquilles d'huitres ramassées à la main en Bretagne (Crédit photo @ EMT)

D'ailleurs en cosmétiques on trouve d'autres belles initiatives d'upcyclage, notamment pour la fabrication d'accessoires à partir de vieux filets de pêche. La marque "Le Futé" par exemple valorise des filets de pêche en Bretagne pour créer des portes savons ou encore des peignes, à l'aspect coloré, et super esthétiques.

Dans le sport aussi émergent de très belles initiatives: Dans le surf par exemple, plusieurs entreprises utilisent des bio matériaux pour remplacer les pains de mousse, fabriqués traditionnellement en polyuréthanne, un composé issu du pétrole.

À Saint-Malo, MD Surfboards développe des planches de surf à partir de déchets végétaux.

Paradoxal surfboard, installés à Concarneau, créent des planches de surf à partir d'algues vertes échouées sur les plages.

En effet, malheureusement aucun bretons n'est passé à côté de ces marées vertes. A vrai dire ce ne sont pas les algues vertes qui posent problèmes, et qui ont tout à fait leur place dans un écosystème sain, mais bien leur prolifération dus à un excès de nutriments (issus de notre agriculture), et qui vont venir s'échouer sur les plages et entrer en putréfaction.

Trouver des solutions pour utiliser et valoriser ce déchet devient essentiels aujourd'hui.

Il existe quelques initiatives pour utiliser ces algues vertes, notamment en épandage sur les sols cultivés. Des filière de valorisation utilisent de broyats coquilliers en tant qu’amendement calcique qui impliquent aussi les agriculteurs situés à proximité des sites de production de coquillages. Mais on parle ici de recyclage plutot que d'Upcylcage.

Paradoxal Surfboards utilise de la poudre d'algues vertes pour fabriquer ses pains planches de surf, grâce à des imprimantes 3D. Un mélange de nouvelle technologies et d'écologie pour une économie vertueuse.

Ce qui est génial avec cette démarche de valoriser tous ces co-produits, tous ces déchets, ces trésors qui ne partiront pas dans les stations de traitement de déchets, c'est aussi le fait de ne pas utiliser de matériaux neufs, qu'ils soient naturels ou synthétiques.

Toutes ces initiatives qui ré-utilisent l'existant, l'abandonné, le déchet dont on ne savait pas quoi faire, et qui évitent d'aller puiser dans les ressources naturelles ou d'utiliser du plastique doivent se développer encore plus!

Que cela deviennent le premier réflexe, voir ce qui peut être ré-utiliser en local avant d'imaginer puiser du non encore exploité. C'est l'avenir incontestable de nos objets de demain et nos gestes quotidiens."

 

La Chronique de la Mer d'Ondine: Retrouvez ici les différents épisodes !

Chronique de la Mer #1: Les Grandes Marées - Podcast audio

Chronique de la Mer #2 : Les bienfaits de l'eau de mer - Podcast audio

Chronique de la Mer #3: Les petits gestes pour ne pas polluer en bateau - Podcast en vidéo

Chronique de la Mer #4: L'apnée - Podcast en Vidéo

Chronique de la Mer #5: Les 7 îles - Podcast en Vidéo

 

 

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